Un aperçu de la recherche universitaire sur les intérêts des consommateurs au Canada

Deuxième partie : La recherche universitaire sur les intérêts des consommateurs au Canada

Programmes d'études sur la consommation et de sciences de la consommation

Il y a trente ans, Kroll et Hunt décrivaient les études sur les intérêts des consommateurs comme un nouveau domaine qui en était à l'étape interdisciplinaire de son évolution et au sein duquel les spécialistes des disciplines connexes reconnaissent qu'il serait souhaitable de déployer des efforts coordonnés. Les auteurs prévoyaient une prochaine étape, c.-à-d. que le domaine des intérêts des consommateurs pourrait devenir plus qu'un domaine d'étude interdisciplinaire :

Lorsqu'il en arrive à l'étape unidisciplinaire de son évolution, un champ d'étude atteint le statut de discipline à part entière, c'est-à-dire que les principaux aspects de sa nature même sont considérés comme distincts de ceux des disciplines traditionnelles auxquelles il est le plus étroitement associé. (Traduction)

[Kroll et Hunt (1980)]

Kroll et Hunt laissent entendre que l'attribution d'un titre approprié à ce champ d'étude, bien qu'elle ne soit pas essentielle, pourrait favoriser l'acceptation de son éventuel caractère unidisciplinaire. Or, il n'existe encore aucun titre communément reconnu pour les disciplines universitaires liées à la RIC, comme en témoigne la figure 1. Cette absence de dénomination particulière complique la tâche de ceux qui doivent déterminer si des programmes portant sur les intérêts des consommateurs sont offerts dans les établissements d'enseignement supérieur.

À l'heure actuelle, seules l'Université de Guelph et l'Université Laval peuvent figurer d'emblée au nombre des établissements qui offrent des programmes dont les études sur la consommation ou les sciences de la consommation sont la principale raison d'êtreNote de bas de page 17. Toutefois, des programmes pertinents sont vraisemblablement offerts dans le cadre d'autres disciplines et sous-disciplines, telles que l'économie domestique et l'écologie humaine, qui sont des domaines traditionnellement axés sur la consommation. Par exemple, Smith et de Zwart (2010) affirmaient que dans l'ensemble du Canada, sept universités offraient des programmes postuniversitaires de formation des enseignants en économie domestique et en éducation familiale (Université de la Colombie-Britannique, Université de l'Alberta, Université du Manitoba, Institut d'études pédagogiques de l'Ontario/Université de Toronto, Université Western Ontario, Université York et Université Mount Saint Vincent). De plus, deux universités offraient des programmes concomitants (Université de la Saskatchewan et Université de Moncton). L'identification de toutes les facultés éventuellement pertinentes n'est pas une mince tâche étant donné les nombreux changements de nomenclature et la restructuration des programmes en économie domestique et en sciences de la consommationNote de bas de page 18. Des programmes spéciaux pertinents quant à la RIC pourraient aussi exister dans divers départements universitaires à l'échelle du Canada, tels que les cours d'études supérieures d'été sur le droit de la consommation coorganisés en 2011 et en 2009 par le Groupe de recherche en droit international et comparé de la consommation (GREDICC), une unité de recherche à la faculté de droit et de sciences politiques de l'Université du Québec à Montréal (UQAM). Note de bas de page 19

Néanmoins, la situation d'aujourd'hui semble refléter une tendance à la baisse dans divers programmes liés à la RIC, qui entraîne d'importantes conséquences. Dans son examen de l'état des programmes d'éducation en consommation au Canada, McGregor (2000) soulignait que :

Au chapitre des études sur la consommation, le milieu universitaire a beaucoup évolué, et nous ne connaissons que six facultés qui offraient des cours sur l'éducation à la consommation en 2000. Ce déclin du nombre de facultés et de cours offerts signifie qu'un nombre inférieur d'enseignants faisant leur entrée dans le système scolaire auront reçu une formation en éducation à la consommation et, par conséquent, qu'ils seront bien moins susceptibles d'enseigner l'éducation à la consommation même s'il existe un curriculum.(Traduction)

[McGregor et MacDonald (2000)]

De telles préoccupations au sujet de la préparation des enseignants des disciplines et sous-disciplines ayant trait à la RIC sont encore présentes, comme le mentionnait plus récemment une étude réalisée en 2010 sur la formation des enseignants en économie domestique. Smith et de Zwart (2010) ont relevé que « le problème du recul de la disponibilité des enseignants en économie domestique est un phénomène mondial » (traduction), mettant en lumière les enjeux observés au Canada dans le contexte de l'élimination ou de la restructuration de nombreux programmes d'économie domestique :

Les futurs enseignants en économie domestique n'ont pas nécessairement les mêmes bases de connaissances : certains ont obtenu des diplômes en relations familiales, en nutrition appliquée, en études sur la consommation, en création de mode ou dans une autre combinaison de disciplines. Les préoccupations connexes incluent donc le remplacement des enseignants qui prennent leur retraite, la marginalisation persistente des petits programmes et la lutte pour leur survie, ainsi que le recrutement d'enseignants en économie domestique et en éducation familiale étrangers au sein des établissements d'enseignement canadiens. (Traduction)

[Smith et de Zwart (2010)]

Dans leur analyse du contenu des cours d'éducation à la consommation des universités canadiennesNote de bas de page 20, McGregor et MacDonald (1997) notaient aussi des préoccupations à l'égard de la nature des programmes, vu que leurs résultats indiquaient que « tout étudiant qui a l'intention d'obtenir un BE (baccalauréat en éducation) pour enseigner les études familiales/l'économie domestique se voient offrir la possibilité d'apprendre la gestion de l'argent et des ressources, la prise de décisions et la planification financière mais moins la protection des consommateurs et la défense de leurs intérêts » (Traduction) (rapport dans McGregor 2000).

En 2008, Industrie Canada a entrepris d'analyser de façon sommaireNote de bas de page 21 les titres et les descriptions des cours offerts dans les 92 universités publiques et privées sans but lucratif et établissements collégiaux de niveau universitaire du Canada énumérés sur le site Web de l'Association des universités et collèges du Canada (AUCC)Note de bas de page 22. L'analyse a permis de relever 131 cours de premier cycle dont le titre comprenait les mots « consommateur » ou « consumer »Note de bas de page 23. Il s'est avéré que 81 de ces cours, soit un peu plus de 60 pour 100, portent sur les comportements des consommateurs ou des acheteurs, qu'ils étaient souvent offerts dans les écoles de commerce et qu'ils mettaient l'accent sur les processus de prise de décisions des consommateurs et l'influence des facteurs sociaux, culturels et psychologiques sur leur comportement lors des transactions commerciales. En comparaison, seulement vingt-quatre cours mettaient l'accent sur la protection des consommateurs ou les questions d'ordre juridique liées à la consommation. De façon générale, les cours semblaient accorder moins d'importance aux intérêts des consommateurs.

Une tendance similaire à mettre l'accent sur les intérêts commerciaux dans le cadre des programmes liés à la consommation a été relevée dans le rapport The Need for Postgraduate Education in Consumer Affairs in the European Union publié en 2005 : « Bien que ces programmes abordent effectivement les enjeux de consommation, leur logique prédominante est celle du marketing et de la vente de produits et de services plutôt que celle de la protection et de l'habilitation des consommateurs. » (Traduction) [Quici et coll. (2005)]. Préparé à la demande de la Direction générale de la santé et des consommateurs (DG SANCO) de la Commission européenne (CE), ce rapport recommandait la création d'un programme européen de maîtrise en consommation, une proposition qui s'est concrétisée en 2009 (voir l'encadré ci-dessous).

EURECA : Le programme de maîtrise en consommation de l'Union européenne

Mis en œuvre en 2009, le programme de maîtrise EURECA a été créé dans le but d'améliorer l'offre en matière d'employés très scolarisés et hautement qualifiés dans le domaine de la consommation. Le programme est offert par le truchement d'un groupe formé de quatre universités européennes. Les étudiants suivent d'abord des cours portant sur les principes fondamentaux de la consommation, puis choisissent deux des dix spécialisations offertes :

  • gestion des relations avec les consommateurs;
  • économie de la consommation;
  • des sur la consommation;
  • consommation, technologie et innovation;
  • économie et gestion;
  • politique alimentaire et gestion de l'alimentation;
  • marketing;
  • gestion du marketing;
  • marchés et innovation;
  • consommation durable.

Source : Programme de maîtrise EURECA

 

Financement de la recherche universitaire sur les intérêts des consommateurs

L'absence de titres clairement définis dans le domaine de la RIC complique également l'analyse des ententes de financement en vertu desquelles les projets de recherche sont exécutés. Au chapitre du financement public, le Conseil de recherches en sciences humaines (CRSH) et diverses organisations d'élaboration de politiques publiques (principalement des ministères et des organismes gouvernementaux) constituent vraisemblablement la principale source de financement des projets particuliers de RIC.

Le CRSH fournit, sous forme électronique, des renseignements détaillés à propos des fonds qu'il accorde. On ne peut toutefois pas garantir qu'un portrait du financement des travaux de RIC octroyé par le Conseil est complet et fiable étant donné l'absence de critères de recherche clairs (un seul titre de discipline ou un vocabulaire spécialisé unique). Industrie Canada a néanmoins effectué une recherche sur la RIC en entrant les termes « consommateur » et « consumer » dans le champ Titres et mots-clés des projets de la base de données du CRSH. Pour l'année de contribution 2010-2011, cette recherche générale a retourné 94 projets de recherche relevant de 16 disciplines différentes. La figure 2 démontre l'augmentation du nombre de résultats de recherche effectuée au moyen du terme « consommateur », parallèlement à la hausse du nombre de disciplines associées à ces résultats.

Même si le nombre total de résultats en employant les termes « consumer ou consommateur » dans un exercice donné répertorie des résultats de l'exercice précédent (c.-à-d. les projets ayant fait l'objet de paiements sur plus d'un exercice), cela fournit néanmoins une base à examiner pour répertorier les chercheurs potentiels qui ont pris part à la RIC et obtenir des informations pertinentes pour la politique en matière de consommation.

Figure 2 : Résultats de la recherche effectuée en entrant les termes « consommateur » et « consumer » dans le champ Titres et mots-clés des projets de la base de données du CRSH, par exercice financier

 

Figure 2 Résultats de la recherche effectuée en entrant les termes « consommateur » et « consumer » dans le champ Titres et mots-clés des projets de la base de données du CRSH, par exercice financier

Source : Recherches effectuées par Industrie Canada dans le Moteur de recherche des attributions du CRSH.

Description de la figure 2

Ce graphique présente les résultats d'une recherche effectuée sous la rubrique « titres et mots-clés des projets » en utilisant le mot-clé « consommateur ou consumer » dans la base de données des attributions accordées par le Conseil de recherches en sciences humaines (CRSH).

L'axe horizontal correspond au nombre total de projets de recherche qui ont reçu du financement au cours d'un exercice financier, selon les résultats de la recherche du mot-clé « consommateur ou consumer ». L'axe vertical correspond au nombre de disciplines trouvées dans les résultats de recherche du mot-clé « consommateur ou consumer ». Le graphique inclut un point centré pour chaque exercice financier se situant entre 1998-1999 et 2010-2011. Pour un exercice financier donné, la position du point centré illustre à la fois le nombre de projets de recherche du CRSH repérés par la recherche du mot-clé « consommateur ou consumer » (axe horizontal) et le nombre de disciplines se retrouvant parmi les projets de recherche financés par le CRSH.

Le nombre de projets de recherche repérés par une recherche du mot-clé « consommateur ou consumer » dans la base de données s'est accru au fil du temps. Cela s'est produit parallèlement à une augmentation du nombre de disciplines associées aux résultats de recherche du mot-clé « consommateur ou consumer ».

En effectuant une recherche du mot-clé « consommateur ou consumer » au moyen du moteur de recherche des attributions du CRSH par exercice financier, le nombre de projets de recherche et le nombre de disciplines présentés dans le graphique sont les suivants :

Le nombre de projets de recherche et le nombre de disciplines présentés dans le graphique
Année Nombre de projets de recherche Nombre de disciplines
Pour 1998-1999 23 projets de recherche 8 disciplines
Pour 1999-2000 21 projets de recherche 7 disciplines
Pour 2000-2001 18 projets de recherche 9 disciplines
Pour 2001-2002 26 projets de recherche 11 disciplines
Pour 2002-2003 31 projets de recherche 11 disciplines
Pour 2003-2004 49 projets de recherche 15 disciplines
Pour 2004-2005 58 projets de recherche 11 disciplines
Pour 2005-2006 83 projets de recherche 13 disciplines
Pour 2006-2007 86 projets de recherche 14 disciplines
Pour 2007-2008 99 projets de recherche 16 disciplines
Pour 2008-2009 86 projets de recherche 16 disciplines
Pour 2009-2010 101 projets de recherche 16 disciplines
Pour 2010-2011 94 projets de recherche 16 disciplines

Remarque : Le nombre total de projets qui ont reçu du financement du CRSH dans un exercice donné comprend aussi des projets inclus dans le nombre total de projets répertoriés l'exercice précédent, étant donné qu'un certain nombre de projets du CSRH peuvent faire l'objet de paiements sur plus d'un exercice.

L'exécution d'une recherche simple effectuée au moyen des termes « consommateur » ou « consumer » constitue toutefois une démarche très imparfaite qui est assujettie à d'autres contraintes associées au moteur de recherche. Par exemple, le sous-ensemble de 94 projets liés au terme « consommateur » se compare au total de plus de 9 600 projets qui ont reçu du financement du CRSH en 2010-2011. Bien qu'ils ne fassent pas partie des résultats de recherche obtenus à l'aide du terme « consommateur », un certain nombre de ces projets sont sans doute pertinents pour la RIC, mais ils ne sont pas facilement identifiables.

De plus, même si trois des 94 résultats obtenus pour l'exercice 2010-2011 illustrés à la figure 2 relevaient du Programme des chaires de recherche du CanadaNote de bas de page 24, d'autres interrogations de la base de données du ProgrammeNote de bas de page 25 permet en effet de constater que d'autres chaires ont une importance indéniable pour les travaux de RICNote de bas de page 26. En effet, la recherche avec le mot-clé « consommateur ou consumer » dans la base de données du Programme des chaires de recherche du Canada a permis d'obtenir beaucoup plus de résultats que la recherche avec « consommateur ou consumer » dans le moteur de recherche des attributions du CRSH. On aurait obtenu un plus grand nombre de chaires de recherche en utilisant d'autres mots clés comme « consommation », « marché (marketplace) » ou de nombreux autres termes liés à la CIR. Toutefois, il faudrait évaluer la pertinence de tels résultats d'une recherche élargie pour la RICNote de bas de page 27.

Tel qu'il a été mentionné précédemment (à la section Liens avec l'élaboration de politiques en matière de consommation), des recherches universitaires sur les intérêts des consommateurs peuvent également être réalisées dans le contexte des travaux consultatifs officiels du secteur public. Qui plus est, dans le cadre de leurs activités habituelles de surveillance et d'analyse, les ministères gouvernementaux concluent périodiquement avec des spécialistes des contrats relatifs à la production de rapports portant sur des sujets particuliers. Il est toutefois très difficile de repérer de tels rapports, à plus forte raison d'analyser les résultats relatifs à la RIC obtenus au terme d'une telle démarche. Les analyses que des entrepreneurs soumettent aux décideurs ne sont pas nécessairement publiées dans des documents autonomes et, par conséquent, il peut être difficile de les trouver en faisant des recherches en ligne ou par d'autres moyensNote de bas de page 28.

Les chercheurs liés à la RIC peuvent aussi utiliser diverses autres sources de financement. À l'échelon provincial, par exemple, les chercheurs au Québec peuvent aussi obtenir du financement du Fonds de recherche du Québec–Société et cultureNote de bas de page 29. Il exsite aussi une fondation particulière à la RIC, la Fondation Clause Masse, qui a pour mission de soutenir la recherche et la diffusion des connaissances en droit, en économie et dans d'autres domaines qui s'intéressent à la consommation et au fonctionnement des marchés, ainsi que de promouvoir le respect et le développement des règles de droit reliées à la consommation, à la concurrence et au fonctionnement des marchés.Note de bas de page 30 Ces exemples, et d'autres encore, augmentent le nombre de sources éparses qui devraient être examinées pour une étude plus détaillée sur la RIC au Canada.

Publication de recherches universitaires canadiennes sur les intérêts des consommateurs

Pour l'heure, aucune revue canadienne savante à comité de lecture ne traite exclusivement de recherche sur les intérêts des consommateurs (RIC). Il y avait une exception par le passé, la Revue canadienne d'économie familiale, qui a été publiée de 1950 jusqu'à la dissolution de l'Association canadienne d'économie familiale en 2003, et qui comportait une section revue par un comité présentant des articles de recherche universitaire originaux.Note de bas de page 31 Il ne faut toutefois pas en conclure qu'il n'y a aucune publication de RIC universitaire de nos jours. Des recherches canadiennes universitaires sur les intérêts des consommateurs ont été publiées notamment dans les publications internationales suivantes : Journal of Consumer Affairs, Journal of Consumer Education, Journal of Consumer Policy, Journal of Consumer Research, Journal of Family and Economic Issues et International Journal of Consumer Studies. Cependant, alors que certains chercheurs ont mentionné que le fait de publier dans des revues internationales les a obligés à diluer le contenu ou l'objectif canadien de leurs travaux, d'autres n'ont jamais eu cette impressionNote de bas de page 32.

Par ailleurs, un certain nombre d'articles canadiens portant sur la RIC ont été publiés dans des revues spécialisées ne traitant pas exclusivement de RIC. Elles comprennent des publications multidisciplinaires (p. ex., le Canadian Social Science) ainsi que des revues spécialisées (p. ex., le Canadian Journal of Agricultural Economics). De même, des travaux de recherche canadiens ont été publiés dans des revues internationales non spécialisées en RIC.

Un nouveau type de revue sur la RIC : le Journal of Research for Consumers en ligneNote de bas de page 33

À ce jour, toutefois, les revues sur le Web auxquelles contribuent les chercheurs ciblent toujours des auditoires universitaires et, dans une moindre mesure, les gestionnaires. Il y a donc place à créer une revue sur le Web pouvant offrir une tribune de communication de la recherche universitaire tant aux auditoires érudits que profanes. Ce type de revue devrait viser deux objectifs, soit communiquer les résultats de recherche aux consommateurs et répondre aux exigences en matière de légitimité de ceux qui déterminent la qualité des publications spécialisées par des mécanismes comme l'examen par les pairs en double insu. La revue Journal of Research for Consumers est structurée pour atteindre ces deux objectifs. Elle comporte deux volets d'articles visant deux types d'auditoires. Un volet contient des articles qui font état des résultats de la recherche sur la consommation avec la rigueur scientifique propre aux revues classiques. Un deuxième volet comprend des articles qui communiquent les mêmes résultats, mais vulgarisés. Dépouillés du jargon technique, ces articles visent directement les consommateurs.[…] Les contributeurs de la revue doivent donc présenter deux versions de leurs articles, une à l'intention des universitaires et des chercheurs et une autre à l'intention du grand public. » (Traduction)

[Pettigrew (2001)]

La bibliothèque électronique multidisciplinaire à accès ouvert du Social Science Research Network (SSRN)Note de bas de page 34 contient aussi des domaines liés aux intérêts des consommateurs. Cette bibliothèque comprend principalement des documents de travail ou des versions préliminaires d'articles scientifiques, dont des contributions de chercheurs canadiens. Le site compte également des revues électroniques contenant des résumés d'articles pertinents. Parmi les revues traitant de la RIC dans le SSRN, mentionnons entre autres : Consumer Law eJournalNote de bas de page 35, Microeconomics: Intertemporal Consumer Choice & Savings eJournal, Consumer Social Responsibility eJournal, et Behavioural Marketing eJournal. Le SSRN est une tribune de plus en plus populaire chez les chercheurs universitaires (plus de 200 000 auteurs y ont contribué au 30 août 2012). Même si un service à accès ouvert comme le SSRN n'a probablement pas la même valeur pour les universitaires au chapitre de l'avancement professionnel (p. ex. il ne satisfait peut être pas aux normes de publication aux fins de la permanence), il peut jouer un rôle important sur le plan de la collaboration et de la diffusion de la recherche. Dans leurs travaux d'examen des auteurs de journaux européens, Fry et coll. (2011) ont conclu que le rôle primordial des articles à comité de lecture chez les professionnels univesitaires n'est pas en train de diminuer. Cependant, ils ont également indiqué que les auteurs liés aux sciences sociales, aux sciences humaines et aux arts étaient parmi ceux qui avaient le plus tendance à estimer que le versement des travaux dans un dépôt à accès libre était définitivement un atout.Note de bas de page 36

Dans le but d'examiner plus en détail le niveau et la situation comparative de la recherche universitaire en consommation au Canada, Industrie Canada a demandé à Science-Metrix de lui présenter une analyse bibliométrique de revues à comité de lecture. Cette analyse avait pour but d'évaluer le nombre de travaux universitaires canadiens publiés sur la recherche liée aux questions de consommation, ainsi que l'écart entre la recherche sur l'intérêt des consommateurs et la recherche sur l'intérêt commercial, puis de comparer ces chiffres à ceux des autres pays en tête dans ce domaine. L'analyse bibliométrique a porté sur la période de 1996 à 2007 et se fondait sur une évaluation des résultats de recherche publiés dans des articles à comité de lecture indexés dans la base de données ScopusNote de bas de page 37. Compte tenu de l'absence de terminologie particulière à la discipline, la méthode de Science-Metrix repose aussi sur une recherche à l'aide du seul terme « consumer (consommateur) ».

Une définition de travail imparfaite de la recherche liée aux questions ayant trait à la consommation

Le rapport de Science-Metrix [Archambault et coll. (2008)] a été produit au début du projet de recherche sur les intérêts des consommateurs d'Industrie Canada. À cette période, le terme « recherche sur les questions des consommateurs » a servi pour définir l'objectif du travail. La définition du domaine et la délimitation du corpus d'articles à évaluer ont constitué un des principaux défis à relever dès le début du travail de Science-Metrix. Une définition opérationnelle a été adoptée, avec des limites en comparaison à la définition de la RIC utilisée dans la présente mise à jour, par exemple :

  • l'accent a été mis sur le mandat d'Industrie Canada, et les questions liées à la santé et à l'alimentation ont été en grande partie mises de côté lorsque possible;
  • le besoin de recueillir les contributions dans les disciplines liées depuis longtemps à la RIC (p. ex.,l'économie domestique) n'a pas été reconnu ni ciblé expressément dans ce travail préliminaire.

L'analyse bibliographique présente néanmoins un aperçu initial de la RIC menée au Canada. Depuis lors, de nombreux commentaires ont été reçus sur la question du flou conceptuel dans ce champ multidisciplinaire et la nécessité de clarifier les termes liés à la consommation élaborés par certaines disciplines de longue date. McGregor 2012 présente un examen de ce contexte universitaire.

L'analyse a permis de conclure que le Canada possédait un certain niveau de spécialisation en matière de recherche sur les questions de consommation et qu'il se classe au neuvième rang parmi les chefs de file dans le domaine (voir la figure 3). Afin d'évaluer la proportion des articles traitant des politiques, les résumés d'un échantillon de ces articles sur les questions de consommation ont été analysés en détail pour déterminer s'ils traitaient des politiques, des affaires commerciales ou de sujets d'intérêt général en matière de recherche sur les questions de consommation, ou encore s'ils étaient hors domaineNote de bas de page 38. Selon cette tentative de quantifier la distribution des documents sur la RIC, les chercheurs canadiens semblent publier beaucoup moins d'articles sur les questions liées à la politique publique comparativement aux autres pays chefs de file. On mettait davantage l'accent sur les aspects commerciaux de la RIC au Canada.Note de bas de page 39

Cette emphase sur les aspects commerciaux de la RIC au Canada est similaire aux tendances déjà observées dans les cours universitaires en consommation, qui mettaient l'accent sur les questions liées au marché de consommation, notamment comment et pourquoi les consommateurs achètent-ils des produits et des services (voir la section Programmes d'études sur la consommation et de sciences de la consommation).

Figure 3 : Spécialisation en recherche sur les questions de consommation par pays, 1996 – 2007

 

Figure 3 Specialization in Consumer Issues Research by Country, 1996–2007

Indice de spécialisation (un indice supérieur à 0 indique que le pays est spécialisé.)Note de bas de page 40

Source : Reproduit d'Archambault et coll. (2008)(Traduction).

Description de la figure 3

Ce graphique présente le niveau de spécialisation de divers pays en matière de recherche sur des enjeux en consommation, de 1996 à 2007. Celui-ci est basé sur l'indice de spécialisation élaboré dans le rapport de Science-Metrix paru en 2008. Un indice supérieur à 0 indique qu'un pays est plus spécialisé en recherche sur des enjeux en consommation.

Le Canada avait un certain niveau de spécialisation en matière de recherche sur des enjeux en consommation, se situant au 9e rang parmi les principaux pays dans le domaine, selon l'indice de spécialisation (IS).

Singapour et le Danemark étaient les plus spécialisés.

La valeur indice de chaque pays présentée dans ce graphique est la suivante :

La valeur indice de chaque pays (1996 à 2007)
Pays Valeur
Singapour 0,57
Danemark 0,46
Pays-Bas 0,36
République de Corée 0,35
États-Unis 0,35
Nouvelle-Zélande 0,35
Australie 0,33
Belgique 0,30
Canada 0,26
Norvège 0,26
Autriche 0,24
Espagne 0,20
Grèce 0,19
Royaume-Uni 0,11
Suède 0,08
Finlande -0,01
France -0,01
Suisse -0,02
Israël -0,09
Italie -0,21
Brésil -0,38
Allemagne -0,40
Inde -0,42
Japon -0,56
Chine -0,81

Comme nous l'avons vu, plusieurs éléments indiquent qu'il existe un niveau important de recherches universitaires sur la RIC au Canada. Cependant, il est difficile de les repérer dans les disciplines et organes de publication divers, et elles ne portent pas nécessairement sur les questions en matière de politique qui constituent l'objet de la présente mise à jour. Cela ne veut pas pour autant dire que les autres angles sous lesquels s'effectue la recherche ne sont pas pertinents : les informations sur le point de vue commercial peuvent aussi être utiles pour établir la politique publique si elles reflètent, au moins en partie, les intérêts des consommateurs. Par conséquent, de nombreux autres apports pourraient être cernés dans le cadre d'un examen plus approfondi et élargiraient la portée de la RIC au Canada.

Notes de bas de page

Note de bas de page 17

L'Université de Guelph offre en effet un programme de maîtrise en marketing et en études sur la consommation, tandis que l'Université Laval propose un baccalauréat en sciences de la consommation, un certificat en sciences de la consommation et, depuis l'automne 2011, une maîtrise en agroéconomie–consommation.

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Note de bas de page 18

Par exemple, dans leur examen des articles de fond publiés dans le Journal of Consumer Affairs entre 1967 et 2007, James et Cude (2009) ont fait état de difficultés à déterminer les facultés universitaires desquelles les auteurs relevaient, en raison de telles questions de nomenclature.

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Note de bas de page 19

Voir l'information sur le programme de 2011.

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Note de bas de page 20

Ils ont examiné 58 des 102 cours possibles de 14 programmes universitaires.

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Note de bas de page 21

L'étude plus détaillée de 1997 par McGregor et McDonald n'a pas été répétée.

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Note de bas de page 22

L'aide à la recherche a été assurée par Laura Tryssenaar, conseillère pédagogique, au cours de l'hiver 2007 2008. Le travail exécuté consistait à passer en revue les calendriers des cours afin d'en tirer une analyse des tendances.

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Note de bas de page 23

Les mots « consommateur  » ou « consumer » figuraient dans les descriptions de quelque 326 autres cours, mais ils n'ont pas été considérés dans le contexte de l'analyse sommaire d'Industrie Canada.

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Note de bas de page 24

La chaire de recherche du Canada en science du comportement et en commerce électronique, la chaire de recherche sur la justice sociale, l'équité et la diversité et la chaire de recherche du Canada sur le comportement des consommateurs.

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Note de bas de page 25

Voir Programme des chaires de recherche du Canada.

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Note de bas de page 26

Par exemple, la chaire de recherche du Canada en droit et en politique de la santé, la chaire de recherche du Canada en droit d'Internet et du commerce électronique et la chaire de recherche du Canada en gestion de la technologie de l'information.

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Note de bas de page 27

Les recherches avec mots clés mises à l'essai par Archambault et coll. (2008) illustrent davantage les difficultés à identifier la RIC en l'absence d'une désignation précise de la discipline : « Dans un domaine tel que la RIC, une telle conciliation tient plus de l'art que de la science rigoureuse. Le choix entre le rappel et la précision n'est pas une décision facile, et plusieurs recherches avec mots clés ont été élaborées et mises à l'essai pour tenter de renforcer le rappel sans compromettre la précision. Aucune des recherches testées durant l'étude était très sélective, si bien qu'elles extrayaient inexorablement un grand nombre de faux résultats positifs et nuisaient de manière très importante à la précision. » (Traduction)

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Note de bas de page 28

Le gouvernement fédéral divulgue proactivement les marchés de plus de 10 000 dollars, mais certains projets de recherche sont effectués par des chercheurs universitaires pour des organismes gouvernementaux selon des contrats inférieurs à ce seuil. Une autre difficulté pour répertorier les contrats particuliers à la RIC consiste en les catégories de travail prédéterminées employant des termes généraux, tels que « management consulting —  consultation en gestion » ou «  research contracts #8212; contrats de recherche » (cette dernière expression est utilisée pour diverses recherches, pas seulement pour des travaux effectués par des universitaires).

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Note de bas de page 29

Voir Fonds de recherche du Québec — Société et culture.

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Note de bas de page 30

Voir Fondation Claude Masse.

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Note de bas de page 31

L'Association canadienne d'économie familiale (organisme à but non lucratif soutenant la recherche sur l'économie domestique, familiale, et de la consommation) a commencé à archiver des numéros de la Revue canadienne d'économie familiale.

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Note de bas de page 32

Industrie Canada a relevé ces commentaires durant diverses discussions informelles avec des universitaires canadiens provenant de partout au pays qui ont effectué de la recherche liée à la RIC.

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Note de bas de page 33

Voir La RIC : le Journal of Research for Consumers en ligne.

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Note de bas de page 34

Voir la bibliothèque électronique du SSRN — Social Science Research Network (SSRN).

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Note de bas de page 35

Le journal électronique est divisé selon les cinq thèmes suivants : paiements et crédit à la consommation, application des lois visant les consommateurs, questions diverses liées à la consommation, autres questions relatives à la vente de produits et de services aux consommateurs, réglementation des questions relatives à l'information et à la protection des renseignements personnels des consommateurs.

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Note de bas de page 36

« À titre d'illustration, un participant à un atelier sur les sciences sociales et humaines et les arts, familier avec RePEc (documents de recherche sur l'économie) et le SSRN (deux répertoires thématiques), a fait remarquer que l'utilisation d'un dépôt à accès libre seul ou de concert permettait de faire reconnaître un ensemble de travaux plutôt que des publications individuelles. » (Traduction) (Fry et coll. 2011)

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Note de bas de page 37

« Lancée en novembre 2004, Scopus est la plus grande base de données regroupant des résumés et des citations contenant des comptes rendus de recherche à comité de lecture et des sources fiables sur le Web » (Traduction);. Les titres liés à la RIC trouvés dans Scopus, même s'ils ne représentent pas tous les travaux sur la RIC, comprennent Advances in Consumer Research, Journal of Consumer Affairs et Journal of Consumer Policy. Une autre limite de cette base de données est qu'elle inclut seulement les références en anglais et, dès lors, elle exclut les revues scientifiques publiées en français au Québec et susceptibles de contenir des articles sur la RIC.

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Note de bas de page 38

Le protocole utilisé dans le contexte des travaux de Science-Metrix définissait chaque catégorie comme suit :

  1. Recherche sur la politique de consommation —  Recherche qui est entreprise dans le but principal de mieux protéger ou de faire avancer les intérêts des consommateurs, que ce soit en comprenant mieux les interactions des consommateurs avec le marché sur les plans des vulnérabilités ou des avantages, en analysant la législation, la réglementation ou les politiques sur la consommation ou d'autres travaux de politique similaires.
  2. Recherche sur les entreprises et les consommateurs —  Recherche qui est entreprise dans le but principal de comprendre les consommateurs et leurs interactions avec le marché afin d'être en mesure de profiter de cette compréhension pour un avantage commercial.
  3. Recherche sur les consommateurs en général —  Recherche entreprise pour comprendre les consommateurs pour toute autre raison, sociologique, anthropologique, historique ou macro-économique.
  4. Non pertinent —  Recherche qui peut utiliser les concepts de « consommateur » ou de « client » et des modèles analytiques (p. ex., gestion des relations avec les clients–GRC) mais qui n'est pas axée principalement sur les consommateurs mais d'autres tiers (p. ex., les relations entre entreprises); recherche au sujet des consommateurs lorsqu'ils n'agissent pas comme agents indépendants (p. ex., consommateurs comme patients dans le système des soins de santé) ou recherche axée sur la protection des consommateurs dans le contexte de préoccupations en matière de santé ou de sécurité (p. ex., salubrité des aliments, sécurité des produits).

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Note de bas de page 39

Selon Archambault et coll. (2008), les auteurs canadiens publient environ 30 pour 100 moins d'articles dans ce domaine que ce qui est observé, en moyenne, au chapitre de la recherche sur les questions de consommation dans les autres pays.

En particulier, environ 20 pour 100 des articles sur la recherche sur les questions de consommation rédigés par les chercheurs canadiens ont été associés à des travaux pertinents pour la politique publique, comparativement à 28 pour 100 dans les autres pays. Il semble que les chercheurs canadiens sont plus intéressés par les questions commerciales (60 pour 100 de leurs articles sur la consommation) que les chercheurs étrangers (49 pour 100 des articles). Voir le rapport pour les notes
sur la méthode.

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Note de bas de page 40

« Indice de spécialisation (IS) : L'IS est un indice de l'intensité de la recherche dans une entité précise (p. ex. un pays ou un établissement) pour un secteur de recherche précis (p. ex. un domaine ou un sous domaine), par rapport à l'intensité d'une entité de référence (p. ex. le monde).[…] IS = (Xs/Xt) / (Ns/Nt), si :

  • Xs = articles de l'entité X dans un secteur de recherche précis (p. ex. articles en Suède sur la RIC);
  • Xt = articles de l'entité X dans un corpus d'articles de référence (p. ex. total des articles admissibles en Suède);
  • Ns = articles de l'entité de référence N dans un secteur de recherche précis (p. ex. articles publiés sur la RIC dans le monde);
  • Nt= articles de l'entité de référence N dans un corpus d'articles de référence (p. ex. total des articles admissibles dans le monde).»

Source : Archambault et coll. (2008) (Traduction).

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